OUARGLA- La promotion de tamazight comme langue officielle, dans l'avant-projet de révision de la Constitution, est considéré comme un nouveau jalon pour la consolidation de l'unité et de l'identité nationale, ont estimé mercredi des citoyens amazighophones approchés par l’APS dans le Sud du pays.
La mise en œuvre du caractère officiel de Tamazight est un "affluent important de l’identité et de la cohésion nationale qui immunise le pays de toutes dérives ou dangers le guettant", a estimé à Ghardaia le député Bakir Omar Kara.
La consécration de Tamazight comme langue officielle est "un des éléments forts de notre identité et de notre histoire séculaire millénaire", a ajouté M. Kara en soulignant que cette révision constitutionnelle va "cimenter l’unité du pays".
De leur côté, des citoyens du ksar de Béni-Isguen se sont félicités de ce nouveau statut constitutionnel de Tamazight, estimant que cette "avancée est le couronnement d'un processus fructueux auquel ont contribué tous les Algériens".
Pour des intellectuels et autres médecins de Ghardaia, cette consécration est une "exigence de la pratique démocratique dans notre pays, dans la mesure où le respect du principe du pluralisme culturel et identitaire est garanti".
La reconnaissance et l’officialisation de Tamazight, "notre langue maternelle, facilite la sensibilisation des jeunes aux valeurs de tolérance, de liberté, de fraternité et de justice", a soutenu Abbas, jeune psychologue à l’université de Ghardaia.
Un retraité de la commune d’El-Atteuf décrit cette promotion de Tamazight au statut de langue officielle comme une "révolution" et constitue, selon lui, "une empreinte indélébile" du président de la République Abdelaziz Bouteflika dans l’histoire contemporaine du pays.
Cette étape de l’officialisation de Tamazight est vue par d’autres personnes comme une étape du parcours démocratique dont l’application reste un "long chemin à parcourir".
L’ensemble des citoyens interrogés par l’APS se félicitent de la concrétisation des engagements pris par le chef de l'Etat pour "consolider l’Unité nationale, la cohésion sociale et l’élimination des sources de Fitna (discorde) dans la région".
Officialisation de tamazight, une réhabilitation de la langue maternelle
Oukacem Youssef, chercheur dans le domaine de la culture populaire du Tassili N’Ajjer (wilaya d’Illizi), a perçu la promotion de Tamazight comme langue officielle comme une "réhabilitation de la langue maternelle" et un "moyen de consolider l’identité nationale et la cohésion sociale".
La langue targuie (Tamacheq), a-t-il expliqué, a su préserver toutes ses composantes, se reflétant à travers l’écriture Tifinagh et les gravures rupestres de chiffres, remontant à des milliers d’années, a-t-il ajouté.
Abdessalam Daoudi, journaliste-écrivain à Illizi s’intéressant à la culture amazighe, considère, de son côté, cette officialisation de Tamazight comme "une suite logique, au regard de ce que recèle le pays comme legs culturel authentique d’expression amazighe qu’il appartient de pérenniser", tout en appelant à "sauvegarder les différents dialectes découlant de Tamazight".
Le président de l’association Assarouf des activités culturelles et scientifiques (Djanet), Brahim Moussaoui, parle, lui, de "consécration et d’enrichissement des composantes identitaires nationales et leur renforcement".
Un acquis important pour la Nation algérienne
Dans la commune de Boussemghoune (El-Bayadh), l’on a qualifié l’officialisation de Tamazight dans l’avant projet de révision constitutionnelle "d’acquis important pour la Nation algérienne".
"Cette officialisation reflète la grande importance que revêt cette langue et son ancrage dans la société algérienne, et vient raffermir les composantes de l’identité nationale", a affirmé le président de l’Assemblée populaire communale de Boussemghoune, Omar Kasmi.
Pour cet élu, l’Algérie renferme un riche potentiel historique et une diversité linguistique et patrimoniale, comme c’est le cas de Boussemghoune où "la langue plus que millénaire de Tamazight est toujours présente et y constitue un référent principal de la population locale".
"Cette officialisation de Tamazight est une réponse apportée à des générations entières de Boussemghoune et d’autres régions du pays", a souligné, de son côté, Bachir Belhadj (62 ans), un membre du mouvement associatif local dont le petit-fils (3 ans) aura, s'est-il réjoui, "l’honneur d’apprendre la langue de ses parents et aïeux, une fois officialisée, grâce au président Abdelaziz Bouteflika".
Cet avis est partagé par le président de l’association Ticherafine de préservation du patrimoine de vieux ksar Chellala, Mustapha Hamoudia, qui pense que l’officialisation de Tamazight contribuera à sa préservation et perpétuation entre générations, appelant, à ce titre, à "généraliser son enseignement dans les différents paliers scolaires à travers le pays, en tant que sauvegarde de l’Histoire et de l’identité nationale".
Article APS du mercredi 06 janvier 2016